statc J£w$ Got Mon€¥: octobre 2012

lundi 15 octobre 2012

Il faut 8 ans de travail pour qu’un israélien puisse s’acheter un appartement…

Il faut désormais 8 années de travail et d’économie, à un israélien moyen, avant qu’il ne puisse s’acheter un bien immobilier. Un chiffre qui vient de prendre 33% d’augmentation en quelques années: en 2007, il ne fallait « que » 6 ans.

Ce sont là des données publiées lundi par la banque d’Israël. L’organisme para-gouvernemental tient à tirer la sonnette d’alarme sur « la bulle immobilière qui est en train de grossir dans tout le pays. »

« Les prix des logements israéliens sont déjà à un haut niveau historique. La BOI (Bank of Israel) est inquiète de l’augmentation constante de la demande de logement ces derniers mois. »

Les économistes de la Banque estiment que «nous voyons grossir une bulle sur les prix du marché immobilier, avec des prêts hypothécaires dangereux. Il est important de suivre à la loupe l’évolution de ce marché et de gérer les évènements si nécessaire. » Cette déclaration suggère la possibilité que le contrôleur des banques intervienne pour limiter le montant du financement, par les banques, auprès des particuliers qui veulent acheter un bien.

En d’autres termes: s’il faut aujourd’hui entre 20 et 30% du montant de l’appartement pour obtenir un prêt à la banque, il faudra peut-être entre 35 et 40% du montant de ces achats dans les prochains mois ! Seul des constructions de nouveaux bâtiments pourraient permettre de calmer les prix de l’immobilier un tant soit peu. Mais pour ce qui est de Tel-Aviv par exemple, les entrepreneur ne font plus que dans les tours de luxe… Inabordable pour l’israélien moyen !

Benjamin Amsallem – JSSNews

lundi 1 octobre 2012

La grande pauvreté des rescapés de la Shoah en Israël

(...) Parmi ceux en Israël qui honorent la mémoire des disparus, figurent 198.000 survivants de la Shoah. L’an dernier, 13.000 d’entre eux sont décédés. Le nombre de survivants devrait chuter de 30% d’ici 2015 (soit 145.000 personnes environ) pour diminuer jusqu’à 48.000 en 2025. Chaque jour, 35 d’entre eux meurent en moyenne, soit plus d’un par heure.

Les divers rapports publiés cette année par la Fondation pour le bien-être des rescapés de la Shoah sont alarmants et éloquents. Les survivants vivent certes jusqu'à un âge avancé (88% sont âgés de plus de 75 ans), mais leur qualité de vie est basse. Près d’un quart d’entre eux vit sous le seuil de pauvreté et 40% se sentent très isolés. Un tiers d’entre eux ont besoin d'une aide permanente et n'arrivent pas à couvrir leurs dépenses alimentaires. La moitié estime avoir besoin d’une aide financière plus importante.

40% des rescapés disent toute leur difficulté de quitter leur maison pour aller faire des courses et acheter à manger. Quelque 20% des survivants souffrent du froid en hiver et manque d’équipements appropriés pour chauffer leur appartement. 14% sont touchés par l’insécurité alimentaire tandis que 4 % souffrent de malnutrition.

Depuis plusieurs années, le débat fait rage en Israël sur le faible montant des aides sociales allouées aux survivants pauvres. En conséquence, une dizaine d’associations réputées sérieuses et soutenues par le gouvernement israélien leur viennent en aide. Leurs activités sont nombreuses: aide alimentaire via des distributions ou des soupes populaires, assistance au financement des dépenses de santé, volontariat auprès des rescapés pour soulager leur solitude, etc…

En 2005, 23.000 rescapés avaient reçu une aide de la Fondation pour le bien-être des rescapés de la Shoah. En 2011, le chiffre a atteint 52.500 bénéficiaires, avec une augmentation de 120% de son aide financière par rapport à l’an dernier.

40% du budget de la Fondation provient du gouvernement israélien et le reste de la Claims Conference (la Conférence sur les restitutions matérielles juives). «Mais nous n’avons pas assez de ressources pour survenir aux besoins de tous les rescapés», avoue Elazar Stern, le président de la Fondation. Résultat: la situation des survivants se détériore car leurs besoins augmentent avec l’âge.

«J'appelle les responsables, et à leur tête le ministre des Finances, à satisfaire de suite les besoins nécessaires.»

Mais d’autres organismes ont vu leur budget diminué drastiquement. Le quotidien israélien Ynet a révélé que la Société pour la localisation et la restitution des biens des victimes de la Shoah, l’agence officielle de restitution de l’Etat d’Israël, a été contrainte de réduire ses allocations mensuelles pour 10.000 de ses bénéficiaires.

Par manque de fonds disponibles, l’allocation est passée de 400 à 80 dollars par mois. «C’est inacceptable que tant de survivants de l’Holocauste ne reçoivent même pas l’aide nécessaire pour leur permettre de vivre dignement», a commenté Aviva Silberman, responsable de l’association israélienne The Aviv LeNitzolei Hasoah.

A l’occasion de la journée de la Shoah, le gouvernement israélien a annoncé cette semaine une augmentation de son budget consacré aux rescapés de 60 millions de dollars (plus de 45 millions d’euros), soit une hausse de 13% par rapport à 2011. Les survivants particulièrement démunis qui touchent seulement entre 700 et 2000 shekels par mois (entre 120 à 400 euros), soit environ 8.500 personnes, verront leur allocation mensuelle augmentée de 580 shekels (environ 116 euros).

Le budget du ministère israélien des Finances pour les droits des survivants de l’Holocauste est actuellement de 772 millions de dollars et il touche presque 90.000 personnes. En 2005, il s’élevait à 399 millions de dollars pour environ 51.000 rescapés.

Malgré ces ressources et les aides de l’Etat, un large pourcentage de survivants ne perçoit pas l'aide sociale à laquelle ils ont droit, d’autres ne sont éligibles par aucune association ou gouvernement, ce qui se traduit par un appauvrissement continu.

Pour l’ancien responsable des retraites au ministère israélien des Affaires sociales, Avi Bitsour, «le fait que près de 50.000 rescapés de la Shoah vivent sous le seuil de pauvreté est insupportable alors que les caisses de la Claims Conference disposent d'un milliard de dollars qui devraient être utilisés au profit des survivants».

Avi Bitsour a appelé le gouvernement israélien à trouver«immédiatement» un accord avec la Claims Conference pour le transfert de fonds en faveur des rescapés. Si les aides sont diverses (allocations et pensions de divers gouvernements, la Claim Conference, les associations, etc…), les critères d’éligibilité sont«assez obscures», constate Gilles Darmon, président et fondateur del’association humanitaire israélienne Latet.

L’attribution et le montant des allocations dépendent entre autre de l’année de naissance du rescapé, du pays où il se trouvait pendant la Seconde guerre mondiale, mais aussi de l’année à laquelle il est arrivé en Israël.

«Il existe encore des dizaines de milliers de survivants qui ne touchent aucune aide. C’est le vrai problème de ces 50.000 rescapés qui vivent sous le seuil de pauvreté, déplore Gilles Darmon. A cause de ce système opaque, ils sont passés entre les mailles du filet. Certains n’ont même pas conscience des droits auxquels ils ont droit. » Les rescapés en provenance d’Europe de l’Est sont les plus touchés par la misère, notamment ceux qui sont arrivés dans les années 1990 et qui n’ont pas su faire reconnaître pleinement leur statut de rescapé auprès de l’Etat d’Israël. «Il existe aussi un réel problème sur la gestion de l’argent car les ressources existent, mais elles arrivent partiellement en bas de l’échelle, analyse Gilles Darmon. Il existe une marge significative entre l’ensemble des sommes d’argent distribuées et le montant qui arrive réellement dans le porte-monnaie du survivant. On a affaire à la lourdeur bureaucratique, à des frais énormes et à un excès de contrôle. Le gouvernement israélien est trop faible pour agir efficacement face à la bureaucratie des divers organismes.»

Cette semaine, des survivants de la Shoah se sont plaints auprès du gouvernement israélien. Ils accusent le Fonds d'aide censé les subventionner d’ériger une série d'obstacles bureaucratiques. L'Autorité en charge des droits des rescapés de la Shoah «nous sort les tripes avec la bureaucratie, porte atteinte aux rescapés les plus en détresse dans la dernière ligne droite de leur vie», accusent des proches des survivants, des membres du personnel soignant et assistants sociaux.

Le Trésor public «a certes de bonnes intentions, mais les rescapés sont affectés par le regain de vérification». Pour sa part, la direction générale du Trésor nie ces accusations, et atteste allouer des soins immédiats à la demande des rescapés.

Alors à qui imputer la responsabilité de cette situation alarmante? Dans l’ensemble, les acteurs sociaux ne pointent personne du doigt. Selon eux, la faute revient à une multitude de facteurs: le manque d’aides sociales, l’argent mal redistribué ainsi que la dilution des responsabilités entre associations et gouvernements.

«On ne peut pas dire qu’il y a une volonté de bloquer ou freiner l’argent qui revient aux rescapés, insiste Gilles Darmon. Mais le constat est là: le protocole de travail est très lourd et l’argent met trop de temps à arriver jusqu’aux bénéficiaires. Or, c’est maintenant que les rescapés ont besoin d’aide. Il faut distribuer l’argent directement. Il y a urgence à réformer la politique de redistribution de l’aide partout dans le monde.»

La corruption est aussi venue altérer la bonne volonté du secteur associatif. Au début du mois d’avril, dix membres d'une association israélienne qui percevait des fonds de la Claims Conference afin de fournir des milliers de repas aux survivants de la Shoah ont été arrêtés en Israël.

Ils sont suspectés de détournements de plusieurs dizaines de millions de shekels pour leur profit personnel et blanchiment d'argent. Ils sont accusés d’avoir revendu de la nourriture, à la communauté ultra-orthodoxe haredi, alors que ces repas étaient destinés aux survivants.

Selon une étude interne menée en Israël par la Fondation pour le bien-être des rescapés de la Shoah, plus de 110.000 survivants sont définis comme «solitaires» c’est-à-dire vivant seuls dans leur maison (veufs, divorcés, célibataires ou sans enfants). Pour la première fois, plus de la moitié du total des rescapés en Israël se classent dans cette catégorie. «La jeune génération ne nous pardonnera pas de ne pas s'être occupé d'eux avec le respect qui leur revient», conclut Elazar Stern, le président de la Fondation.